Paris, ce n’est qu’un au revoir

Nous sommes le 14 novembre 2015.

 Je m’appelle Lucy et j’ai 15 ans. Je vais quitter mon pays qui est la France. Ma petite ville, Paris, était pour moi l’avenir, suite à l’attentat, mes parents veulent partir. Je n’ai pas envie. Je me sens mal. J’ai l’impression d’être une lâche. Je ne peux même pas soutenir mon pays. Je vais perdre le reste de ma famille, mes amis, mes enseignants. Même le boulanger M. Durant que je connais depuis que je sais marcher. Pourquoi devrais-je tout perdre à cause de cet attentat ? Pourquoi me punit-on ? J’ai l’impression de mourir. Je ne veux pas aller aux Etats-Unis. Je sais parler vaguement l’anglais en plus. Mais je n’ai pas le choix. Aujourd’hui, mes parents veulent partir. Et je suis obligée de les suivre. Je suis en train de préparer mes valises. De nombreux souvenirs me glissent sous la main photos, figurines, tickets de cinéma. J’ai des larmes sur les joues.

 Je descends une par une les marches de mon appartement. Main dans la main avec mon petit frère. Le coeur serré. J’aide mes parents à descendre les valises. Je suis assise derrière mon père, à côté de mon frère, dans la voiture, direction l’aéroport. Je n’ai même pas eu le temps de dire au revoir à tous ceux que j’aime. A toutes les personnes qui me soutenaient quand ça n’allait pas. Ou qui me disaient bonjour, souriantes, me tendant un petit pain au chocolat, alors que j’allais chercher ma baguette. Plus j’avance, plus je sens cette boule au ventre d’aller dans un endroit inconnu.

 Nous sommes le 15 novembre 2015, il est 18h30.

 Je descends les marches de l’avion. Un vent frais m’empêche de descendre la dernière marche. Comme si les Etats-Unis sentaient que je ne veux pas la franchir. Tout me semble autour de moi inconnu. J’ai l’impression d’être dans un cauchemar. J’ai l’impression d’être une petite fourmi.

 Ô Paris, comme tu me manques déjà.

Laurine Pesce, TASSP2 (Elève de terminale bac pro aide soin service à la personne)
Lycée Oberlin, Strasbourg, novembre 2015